L'Univers
de Yamato
YAMAMOTO Eiichi (page 2 sur 5): De maître en maître

Fort de son apprentissage auprès de YOKOYAMA Ryûichi, YAMAMOTO va alors participer en 1962 à la naissance du Studio Mushi avec son créateur TEZUKA Osamu qui lui permet pour son premier travaille d'être ni plus ni moins réalisateur, animateur-clé et monteur sur Aru machi kado no monogatari (Histoire au coin d'une rue, 20 septembre 1962).

Aru machi kado no monogatari Ce film de 38 minutes, en cinémascope et en couleur, dont le scénario est écrit par TEZUKA, et co-réalisé par SAKAMOTO Yusaku (Le Serpent Blanc) est une grande expérience pour le mangaka car c'est la toute première oeuvre animée qu'il produit et qu'elle est des plus ambitieuse. De plus il fait confiance à une jeune équipe comme pour les animateurs où l'on peut noter la présence de HAYASHI Shigeyuki alias RINTARÔ et SUGII Gisaburô qui avaient fait précédemment leurs preuves sur les premiers films de la Toei dont Saiyuki (Le Voyage en Occident) et où TEZUKA officiait également mais aussi NAKAMURA Kazuko (Le Serpent Blanc, Prince Saphir, Cleopatra) ou encore aux décors ISHII Motoaki (Le Serpent Blanc, Jungle Taitei).
La mise en scène de YAMAMOTO est un véritable petit ballet qui se marie agréablement avec la musique de TAKAI Tatsuo (Paean to judo). Celle-ci est d'autant plus importante, qu'elle doit également combler le silence des personnages. Elle est à cet effet bien plus évocatrice que de simples paroles, et il réussit en cela à magnifier le propos avec une composition des plus poétique.

Aru machi kado no monogatari Dans une maison, une petite fille joue près d'une fenêtre sur toit, avec son ours en peluche. Elle est surprise quand elle aperçoit un ballon qu'un marchand ambulant vient de laisser s'envoler. Elle lâche malencontreusement sa peluche qui glisse jusqu'à la corniche. Une petite souris vivant non loin de là, l'aperçoit et est intriguée par ce drôle d'animal qui reste ostensiblement immobile. La petite fille ne pouvant atteindre son ours, elle lui lance un petit morceau de fromage qui fera la joie de la petite souris. Mais celle-ci n'est pas seule et elle se dispute ce petit butin avec ses frères et soeurs. Tout en courant, elle tombe dans la gouttière et choie au pied du mur. De l'autre coté de la rue, elle aperçoit sur la façade d'un mur, un grand nombre d'affiches en tout genre. Aru machi kado no monogatari Aru machi kado no monogatari Sur celles-ci, elle observe les personnages qui semblent-ils font une petite fête, chacun applaudissant au rythme de la musique du film. TEZUKA profite par ailleurs des multiples petites scènes représentées sur les affiches pour distiller de nombreux gags avec souvent beaucoup d'ironie. Sur l'une des affiches, un jeune homme jouant du violon n'est pas insensible au charme d'une jeune pianiste sur une autre affiche, et réciproquement. Aru machi kado no monogatari
Grâce à la musique, ils vont partager leurs sentiments jusqu'à l'arrivée d'une nouvelle campagne d'affichage représentant un officier militaire décoré de nombreuses médailles. L'atmosphère s'assombrit et le message ne présage rien de bon. La plupart des joyeuses affiches sont recouvertes par celles du militaire et les autres doivent adopter un ton plus sinistre. Que va devenir cet amour naissant ? Une histoire au coin d'une rue aurait-elle moins d'importance que l'Histoire ?...
La grande référence auquel renvoie ce film, c'est bien évidemment La Bergère et le Ramoneur de Paul GRIMAULT (devenu Le Roi et l'Oiseau). TEZUKA avait eu la chance de voir ce film lors de sa première représentation au Japon en 1960. Peut-être faisait-il parti des spécialistes qui récupérèrent alors comme TAKAHATA Isao quelques parties des négatifs du film. Comme ce dernier, il fut des plus enthousiastes à la vue de cette oeuvre, qu'il s'en inspira très tôt, pour ce premier film personnel.
On remarque que les deux maîtres auprès desquels YAMAMOTO Eiichi apprit son métier, sont tous deux au départ des mangaka et qu'ils eurent le même désir, celui de s'investir dans le monde de l'animation, en créant notamment leur studio. Ils sont également tous deux responsables des débuts des séries télévisées d'animation (Otogi Manga Calendar en 1962 et Tetsuwan Atom en 1963). De plus TEZUKA était dans son enfance un grand admirateur, entre autre, du personnage de Fuku-chan de YOKOYAMA Ryûichi, qu'il se plaisait à dessiner pour ses camarades de classes. Osu

De suite, YAMAMOTO s'atèle à la création de Osu (Mâle, 2,53 min.). Dans ce court-métrage, TEZUKA s'inspire du roman Je suis un chat de SOSEKI Natsume pour mettre en scène le même observateur, un chat, mais dans une situation extrême puisqu'il y est question d'un homme ayant tué la femme qu'il aime et attendant l'arrivée de la police. Il est réalisé en couleur et dans l'urgence en un mois et avec une équipe d'une dizaine de personnes ayant officié sur le film précédent dont KONNO Shûji (Saiyuki, Le Serpent Blanc), et cela pour être présenté le 5 novembre 1962 lors d'un festival. Juste avant de mettre en oeuvre sa première grande série pour enfant, TEZUKA avait déjà le désir de traiter de sujets adultes dans l'animation. Tetsuwan Atom

En 1963, YAMAMOTO fera parti de l'aventure Tetsuwan Atom (Astro Boy, 1963-66, 193 épisodes). Aventure, car toute première série animée de fiction au format de 25 minutes Il dirigera seize épisodes (7, 13, 18, 25, 29, 35, 48, 52, 57, 61, 63, 66, 68, 71, 74, et 77) et conclura sa participation à cette oeuvre en réalisant avec TAKAGI Atsushi (Saiyuki) le film sorti sur les écrans le 26 juillet 1964 sous le titre de Tetsuwan Atom - Uchû no Yûsha (Atom, bras de fer - Héros de l'espace). Il en signera également le scénario avec RINTARÔ qui anima également de nombreux épisodes de la série et SUZUKI Yoshitake (Willie Boy, Ulysse 31). Ce long-métrage de 87 minutes était en fait une compilation des épisodes 46 : Le Robot fusée, 56 : Les Troupes de défenses de la Terre (directement adapté du manga) et 71 : Le Dernier jour, avec notamment, un travail de mise en couleur sur une grande partie des scènes issues de la série en noir et blanc. Parmi les animateurs-clé sévissaient SEYAMA Yoshifumi (Les Contes des mille et une nuits) et KITANO Hideaki (Cleopatra, Gokû no daibôken). La musique était signée par TAKAI Tatsuo et les décors par HANDÔ Katsumi (Belle et Sébastien, Le Prince du Soleil) accompagné alors sur la série d'un tout jeune débutant MUKUO Takamura (Captain Harlock, Galaxy Expres 999, Kamui no Ken), avec entre autre MATSUMOTO Tsuyoshi (Phoenix 2772, Le Prince du Soleil). Jungle Taitei
Après le monde futuriste, c'est la nature et le monde animalier de la savane qui l'appelle avec la série Jungle Taitei (L'empereur de la jungle, 1965-66, 52 épisodes) où il est réalisateur et scénariste (épisode 8, 34, 36, 37) suivi d'une seconde série Jungle Taitei Susume Leo (1966-67, 26 épisodes) qu'il produit et où il réalise le premier et 12ème épisode et scénarise le 21ème. Entre temps, il réalise le film Chôhin Jungle Taitei sorti sur les écrans le 31 juillet 1966. Ce long-métrage original (seul les 2 premières minutes sont des scènes empruntées à la série) est plus proche du manga. Sur l'ensemble des aventures du Roi Léo, RINTARÔ est à la direction artistique et l'on peut retrouver également de futurs grands noms de l'animation comme ARAKI Shingo, DEZAKI Osamu et SUGINO Akio qui officiaient alors comme animateur. KATSUI Chikao (Phoenix 2772 / Chapter of dawn) dirigera une grande partie de l'animation et TSUJI Masaki (Devilman, Prince Saphir, Capitaine Flam) écrira de nombreux scénarii dont celui du film. La série s'offrit également les services du zoologiste OBARA Hideo qui prodigua ses conseils sur le comportement animal. La musique du compositeur TOMITA Isao, qui a depuis repris des classiques tel RAVEL ou DEBUSSY, marquera beaucoup cet univers dont la dimension humaine et animale était alors unique dans sa conception. Katai Toshi Ga Dekiru Made - 31 nen no Nippon

Après ces deux grandes oeuvres issues de manga, YAMAMOTO Eiichi revient à des créations originales de TEZUKA.
Il réalise avec SAKAMOTO Yusaku, Katai Toshi Ga Dekiru Made - 31 nen no Nippon (20th Century end - Until I get to submarine city - Japan 31 years later) ou (Till a City Beneath the Sea is Built), un téléfilm de 45 minutes diffusé le 2 février 1969 sur Nippon Television et supervisé par TEZUKA. Il est animé entre autre par KINOSHITA Renzo et HIKONE Norio (Saiyuki, Jungle Taitei) avec un character design assez atypique de KIMURA Shuji.
L'histoire met en scène un jeune homme qui s'active à la construction d'une ville sous-marine. Le scénario se veut assez réaliste. La partition musicale était signée par YAMASHITA Takeo (Lupin III 1ère série) qui avait deux ans plus tôt composé pour la série live de Giant Robo.
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