YAMAMOTO Eiichi (page 5 sur 5): De retour sur Terre
Après avoir passé dix années dans
l'espace, YAMAMOTO Eiichi revient sur Terre pour réaliser le long-métrage
Oshin
sorti sur les écrans le 17 mars 1984. Il renoue ainsi avec ses travaux
qui ont précédé le Yamato. Ce film de 2 h 02 est une adaptation d'une série
live (
drama) produite et diffusée sur la NHK d'avril 1983 à mars 1984 et
qui eut un très grand succès et une grande renommée mondiale (mais inconnu en
France). Si la série originale mettait en scène une jeune femme, YAMAMOTO
choisira d'en faire une petite fille. Celle-ci, vivant à l'époque Meiji, doit
quitter ses parents qui n'ont plus les moyens de la nourrir. Elle est vendu à
une famille riche et devient domestique. Le style de l'histoire est celui des
grands classiques quelque peu larmoyants mettant en scène des enfances très
malheureuses. Le
character design des personnages fut confié à SUGINO
Akio (
Black Jack,
L'île au Trésor) qu'il connaissait pour l'avoir
engagé sur le film de
Jungle Taitei et
Sen'ya Ichiya Monogatari.
SUGINO s'inspira en partie du visage des acteurs de la série live, qui
eux-mêmes offriront leurs voix aux personnages animés. A cet égard, les voix
furent préenregistrées comme YAMAMOTO le fit également pour les films en
Animerama, ce qui confère une synchronisation entre le mouvement des lèvres des
personnages et le son qu'elles produisent, et qui dans l'ensemble de
l'animation japonaise est assez rare.
YAMAMOTO Eiichi se chargea également de
la direction artistique avec entre autre la peinture japonaise comme source
d'inspiration. Il retrouva en animateur-clé HATA Masami (qui anime la courte
scène du docteur Kagaya) avec qui il avait travaillé sur
Jungle Taitei
et
Cleopatra ainsi que YAMAMOTO Shigeru (qui fait de même pour les
souris) qui oeuvra avec lui sur
Histoire au coin d'une rue,
Astro
et
Les Contes des Mille et Une Nuit.
Cette
production Sanrio (
Hello Kitty,
Unico) était mise en musique par
SAKATA Kôichi (
Marco,
Flo et les Robinson suisses). La tristesse
était encore présente sur ce film et YAMAMOTO avait de nouveau oublié son nez
rouge. Mais le sentiment de tristesse est paradoxalement agréable lorsqu'il
n'est que sur l'écran. On en rependrait bien une petite larme...
L'année suivante, YAMAMOTO
retrouvera NISHIZAKI qui l'embarque de nouveau pour une aventure spatiale assez
similaire à celle qu'ils avaient précédemment vécu mais dans une nette et
moindre ampleur.
Il s'agit du film
Odin - Kôshi Hobune Stâraito
(10 août 1985). En vieux routard de l'espace, ils recrutent quelques anciens
compagnons du Yamato, tel MASUDA Toshio, SHIRATO Takeshi, KATSUMATA Geki qui en
réalise le
character design, MIYAGAWA Hiroshi, pour quelques partitions
musicales. YAMAMOTO réalise et écrit cette ressuscitée avec un vaisseau, le
Starlight équipé d'un puissant système de propulsion et d'un canon noyé à sa
proue qui puise également sa puissance du moteur principal. Malgré une
animation honnête, on s'ennuie un peu. On remarquera la présence de morceaux
musicaux de hard-rock accompagnant l'équipage quand celui-ci démarre la
machinerie, ce qui peut prêter un peu à rire, les techniciens n'arrêtant pas de
s'exciter sur les multiples boutons et voyants des tableaux de bords.
YAMAMOTO Eiichi va lui aussi
profiter du marché de la vidéo, qui venait de naître deux ans plus tôt, pour
ses futurs travaux. Il écrit et réalise l'OAV de
Pelikan Road qui
sort le 21 juin 1986. Dans cette comédie sentimentale à moto de 55 minutes, il
retrouve de nouveau un membre du Yamato, présent également pour
Odin,
UDAGAWA Kazuhiko (
Mospedea,
L'Ambassadeur Magma,
Blue Blink)
qui en est le directeur de l'animation. La direction artistique, elle, fut
confiée à SAKAMOTO Noboto (
Crocus,
Dragon Quest alias
Fly,
Akko-chan). Le personnage de Yuniko Takagaki était doublé par TSURU
Hiromi qui doublait la même année et cela sur une autre route, de couleur
orange, une certaine Madoka Ayukawa.
En 1989, YAMAMOTO supervise la
réalisation de la première OAV de
Chôjin Densetsu Urotsukidôji
(La légende du démon) dirigée par TAKAYAMA Hidehaki (
Uchû Senkan Yamato - Kanketsuhen,
Capitaine Flam) sur un scénario de AIKAWA Noboru (
The Hakkenden,
Vampire
Princess Miyu). C'est encore son ami NISHIZAKI qui produit cet animé érotico
fantastique ou fantastique érotique, tout dépend dans quel sens on le prend, si
je puis m'exprimer ainsi. Cette OAV sortie en vidéo le 18 mars 1989, n'est pas
dénuée d'intérêt puisque les auteurs, tout en montrant une violence quelque peu
excessive (vous aussi vous avez remarqué) avaient le désir de provoquer chez le
spectateur de la répulsion envers cette dernière. Exercice difficilement
interprétable pour ceux qui n'y voient que gratuité dans ces excès. YAMASHITA
Akihiko (
Giant robo,
Le Voyage de Chihiro) se chargea du
character
design et IKEDA Shigemi (
Bastard!!,
Gundam Seed) de la direction
artistique. YAMAMOTO ne participera pas aux épisodes suivants qui n'auront que
peu d'intérêt.
Il commence la nouvelle décennie en réalisant le storyboard et le scénario du film
pour le marché de la vidéo
Ihara Saikaku Kôshoku-Ichidai Otoko
(Sensualist) qui sortira le 18 janvier 1991. Cette OAV érotique de 53 minutes
est réalisée par le directeur artistique ABE Yukio (
Unico,
NieA_7,
Colorful,
Les Aventures de Lolo un petit pingouin dont la maîtresse s'appelle Nini !,
un très joli film pour un jeune public qui n'a rien à voir avec le sujet évoqué
ici - qui a dis que ce doit être un peu cucu ?) et l'animation est dirigée
par AKABORI Kenji (
Kero Kero Keroppi avec ABE,
Hello Kitty) qui
était présent sur le film
Oshin.
S'il s'agit d'un animé érotique, il n'a
rien à voir avec ce que l'on appelle le
hentai. Il est inspiré d'un
roman du célèbre écrivain IHARA Saikaku* (1641-1693) mettant en scène un homme
sans grande éducation et faisant un soir de beuverie, le pari avec l'un de ses
amis de coucher avec une geisha de grande classe et cela dès leur première
rencontre. Pour se faire, étant conscient qu'il n'a que peu de chance d'être
accepté, il fera appelle à un maître du sexe ayant atteint un stade de
perfection en ayant étudier l'amour auprès de plusieurs milliers de partenaires
sans distinction de sexe.
L'animation, si elle était assez limitée, fut sublimée par
une direction artistique s'inspirant des estampes japonaises érotiques, ce qui
lui conféra une atmosphère d'une grande finesse, jouant beaucoup avec un
érotisme suggéré. Comme pour
Kanashimi no Belladonna, YAMAMOTO su créer
une oeuvre rare et on peut le dire, jouissive quant à la créativité picturale.
Les ébats animés furent accompagnés par la musique très
douce (qui a dit saccadée ?) d'ISHIKAWA Keiju a qui l'on doit quelques
musiques et arrangements de
Dragon Ball Z et qui a surtout travaillé
avec divers artistes de jazz.
*IHARA
Saikaku, créateur du roman de moeurs comme son contemporain pour le théâtre
kabuki et bunraku CHIKAMATSU Monzaemon. La légende veut qu'il ait écrit en une
seule journée, 20 000 poèmes (même si c'était des
haïku c'est
peut-être un peu excessif !)
Cette année là, YAMAMOTO Eiichi
fait un bon dans le passé de plus de 25 ans puisqu'il travaille sur le storyline
de l'OAV
Symphonic Poem Jungle Taitei (avril 1991) retrouvant
ainsi tout l'univers de Léo, le roi de la jungle.
La partition musicale et symphonique est toujours composée par TOMITA Isao, ce qui
est logique puisque c'est la Columbia qui avait produit quelques temps
auparavant les nouvelles orchestrations du compositeur sur ce Poème Symphonique
pour Enfant et qui produira en partie ce film avec la collaboration entre autre
du studio Madhouse. Cette BO est interprétée par le Nippon Philarmonic
Orchestra et le Japan Chorus Society et dirigée par le chef d'orchestre
ISHIMARU Hiroshi (1922-1998) qui avait également dirigé la musique du petit
film de TEZUKA,
Son Goku is coming en 1966. Si dans la série la musique
avait une place importante, elle est ici porteuse de l'ensemble des scènes.
KANEMURA Katsuyoshi (
Mermaid Forest,
Tezuka Osamu Story,
Pokemon)
avait en charge la direction artistique et MOTOKI Hisatoshi (
Unico,
Les
Mystérieuses cités d'or,
Tezuka Osamu Story,
Fushigi Yugi)
celle de l'animation.
La direction générale était assurée par HIRATA Toshio (
Captain Herlock Endless
Odyssey,
Rail of the star) qui travailla avec YAMAMOTO Eiichi sur
Jungle
Taitei et
Les Contes des mille et une nuits. A noter également sur
ce film, la présence de l'ingénieur du son TASHIRO Atsumi (
Moomin,
Manga
Nihon Mukashibanashi) qui travailla très souvent avec YAMAMOTO Eiichi comme
sur Astro ou Léo, les films du triptyque érotique mais aussi le Yamato.
Peu de temps après, il scénarise et dirige
Izumo (21 septembre 1991),
une OAV romantique et fantastique en deux partie de 45 minutes chacune,
Joukan
et
Gekan, d'après le
manga de TSUZUKI
Kazuhiko (
Aqua,
Osakana Machi,
Zanadu).
Le
character design et la direction de l'animation étaient réalisés par
ICHIISHI Sayuri (
Pokemon série et films,
Wedding Beach,
Agatha
Christie no Meitantei Poirot to Marple) dont le style pour cet animé était
proche de celui de TAKAHASHI Rumiko dont elle fit la même année les dessins pour
Mermaid Forest. Ce qui somme toute était logique puisque le style du
mangaka
TSUZUKI n'est pas trop éloigné de celui de TAKAHASHI, voir d'une TAKEDA Akemi
de part la douceur du style. La musique était composée par KOMUTSU Reijiro (
Le
Retour de Godzilla,
Mushka et Mishka supervisé par TEZUKA !) à
qui l'on doit également de nombreuses partitions pour la Nippon Animation comme
L'histoire de Perrine (avec TAKAHATA),
Alice au pays des merveilles,
Pollyanna,
Blinky le koala (à ne pas confondre avec la série australienne
Blinky Bill). Parmi les
seiyu, la célèbre HAYASHIBARA Megumi
avait pour rôle celui de Nabi et Izumo était interprété par SEKI Toshihiko
(Tadashi
Harlock Saga, Iruta
Naruto).
S'en suit en novembre, la sortie d'une autre OAV qu'il réalise et dont je ne sais
que peu de chose si ce n'est que le
character design et la direction de
l'animation était du ressort de TOMIZAWA Kazuo (
Albator 84,
Time
Stranger,
Gundam,
Phoenix 2772) et que l'on y retrouvait ABE
Yukio à la direction de l'animation.
Il poursuit toujours sous le même
format sur une série dont la production sera assez longue (1992-1998) avec
Giant
Robo dont il scénarise les trois premières OAV sur les sept que compte
cet animé. Il sera donc occupé à écrire de 1992 à 1994 un scénario des plus palpitant
où son talent dans la narration et les drames qui le ponctue, avec des
personnages haut en couleur, font du
manga de YOKOYAMA Mitsuteru (
Tetsujin
28,
Babel II,
Sangokushi) dont il s'inspire, un grand
spectacle qui lui rend honneur bien plus que la série live de 1967.
IMAGAWA Yasuhiro (
Mister Ajikko,
Pet Shop of Horror), le réalisateur,
participe également à l'élaboration du scénario et signe une grande partie du
storyboard. On doit le
design de cet univers à KOBAYASHI
Makoto qui avait réalisé celui de
Venus Wars et plus récemment
Last
Exile,
Samurai7 mais aussi la superbe série
Gankutsuou.
KATAYAMA Kazuyoshi (
The Big O,
Appleseed), qui s'occupa également
du storyboard, était directeur de l'animation sur les épisodes où YAMAMOTO
officia. OGURA Hiromasa (
GITS,
Jinroh,
Ninja Scroll,
Patlabor,
Le Voyage de Chihiro,
Last Exile,
Samurai7)
supervisa la direction artistique avec
TAKEDA Yusuke (
GITS-SAC,
Blue Seed,
Evangelion) lui aussi
sur
Gankutsuou. Tout cela accompagné du score de AMANO Masamichi (
Maetel
Legend,
Battle Royale,
Odin,
Lamu-Only You).
La particularité sur ces OAV, c'est le nom que YAMAMOTO Eiichi utilisa pour
apparaître parmi les membres du staff. Il se fit ainsi nommer MATSUYAMA Eiichi.
Cela s'explique peut-être par le fait que l'animé fut dédié à la mémoire de
YAMAMOTO Hideaki qui venait de disparaître. Ainsi il s'effaça quelque peu pour l'honorer.
L'un de ces derniers travaux, sera
pour TEZUKA Osamu disparu depuis alors 6 ans et pour qui il réalise à la date
du 29 juin 1995,
Butchy in the City. Ce petit film de 13 minutes
est conçu spécialement pour le musée Tezuka Osamu Manga Museum se trouvant dans
la ville de Takarazuka et n'est hélas visible que pour les seuls visiteurs s'y
rendant (A noter que l'un des quatre films du musée réalisé la même année,
Osamu
et Musashi est dirigé par RINTARÔ).
AKIO Sugino avait en charge la direction de l'animation et il y retrouvait de
nouveau ABE Yukio (
Little Jumbo) à la direction artistique. La musique
fut composée par TANIGAWA Kensaku (
Dora Heita) qui l'année précédente
avait écrit celle du film
47 ronins de ICHIKAWA Kon (encore lui !).
Le fils du maître, TEZUKA Makoto, cinéaste à qui l'on doit
Hakuchi (L'Idiote,
qui vient de sortir en DVD en France), créa l'histoire, supervisa la production
et participa également à l'élaboration de certains plans.
Ce dernier a également réalisé et scénarisé tout récemment la dernière série animée
de
Black Jack ainsi que les dernières OAV de celui-ci et il a également
supervisé le
manga de URASAWA Naoki,
Pluto.
Ici il n'est pas question d'un crayon magique mais d'une craie que Butchy le
personnage principal dont le
chara design s'inspire quelque peu de
TEZUKA lui-même, peu donner vie au dessin qu'il réalise. Butchy rencontre une
jeune femme Margaret, très prise par son métier dans le music-hall.
Les mois suivants, YAMAMOTO Eiichi
et une partie de l'équipe de
Giant Robo se retrouveront sur les deux OAV
de
Shin Kaitei Gunkan (
Atragon). Après avoir
bourlingué et surtout signé les scénarii du Yamato, il renouvellera
l'expérience pour un bâtiment de guerre, qui s'il n'a pas réellement existé,
fut comme le Nautilus de Jules Verne, créé dans un roman
Kaitei Gunkan
(1902 de OSHIKAWA Shunrô) et devint par cet intermédiaire, réel dans
l'imaginaire. Il fut adapté au cinéma en 1963 par HONDA Inoshiro (
Godzilla).
On remarquera ici, que NISHIZAKI et YAMAMOTO furent peut-être, consciemment ou
non, inspirés par ce sous-marin qui pouvait voler pour échapper à l'ennemi,
quand ils créèrent le Yamato. De même le film de HONDA en adoptant le roman en
fit une oeuvre marqué par la défaite du Japon en 1945, tout en l'imbriquant dans
une trame fantastique. Dans ces OAV, si le bâtiment de guerre ne change pas, le
contexte évolue vers une histoire fantastique dans le genre de
Nadia et le
secret de l'eau bleue, mettant de coté les élans patriotiques, tout en
conservant quelques références sur le passé historique. Il faut aussi souligner
que dans ces OAV, le cuirassé sous-marin est appelé le Ra et non l'Atragon
comme dans le film de HONDA et le roman. Il prend le nom d'Atragon dans les
versions exportées pour faciliter ainsi sa reconnaissance. YAMAMOTO
fut secondé à l'écriture du scénario par le réalisateur IMAGAWA Yasuhiro et
NOBUAKI Kishima (
BT' X,
Un garçon formidable,
Hunter X Hunter).
TAKASHI Watabe qui était
mecha designer sur
Giant Robo se
retrouve également sur ces OAV où il poursuit son travail dans un style rétro
futuriste. Au niveau du
character design signalons les présences de
YASUHIKO Yoshikazu (
Gundam,
Arion,
Venus Wars), KUBOKA
Toshiyuki (
Gunbuster) et YAMASHITA Akihiko (
NieA 7,
Strange
Dawn,
Chihiro,
Le Château Ambulant) qui avait oeuvré sur
Nadia
et le secret de l'eau bleue de la Gainax.
Après cela, je dois dire que j'ai perdu sa trace. Peut-être tout simplement
parce qu'il s'est retiré du monde de l'animation à l'approche de ses soixante années
d'existence dont quarante passées dans ce milieu. Je ne sais s'il s'est
reconverti à quelque autre activité, j'ai cru comprendre qu'il travaillait pour
la télévision sur des documentaires mais cela est à prendre au conditionnel.
J'avais ouï-dire également qu'il participait à l'écriture des nouvelles OAV de
Dai
Yamato mais rien n'est moins sûr. Quoi qu'il en soit, son oeuvre et l'apport
de sa créativité auront été des plus précieux dans le monde de l'animation.
J'essaierai dans les mois à venir de poursuivre mes investigations et de
vous préciser ces dernières imprécisions pour conclure cette animographie. En attendant,
l'inspecteur Jack vous salut bien.
Jacques Romero (Captain Jack), février 2005
Page modifiée le 28/05/2006 12:24