Les influences de Leiji Matsumoto (page 1 sur 5): L'oeuvre de Leiji Matsumoto dans le paysage de la science-fiction moderne
Si l'on devait trouver une formule pour qualifier les
principales oeuvres de Leiji Matsumoto, un courant artistique dans lequel
s'inscriraient
Yamato,
Galaxy Express 999 ou
Albator, c'est le terme de
"science-fiction romantique" (ou "space opera") qui semble
s'imposer comme une évidence. Les premières images qui viennent à l'esprit
quand on évoque l'univers du maître sont en effet peuplées de trains ou de
navires voguant dans l'espace infini, de personnages fascinants dont chaque
nouvelle aventure ne fait que renforcer le mystère qui les entoure... une
invitation à la rêverie, à un fantastique voyage dans l'imaginaire. Et
pourtant, à y regarder de plus près, l'oeuvre de Leiji Matsumoto s'inscrit dans
tous les principaux courants qui ont marqué la science-fiction moderne depuis
ses balbutiements jusqu'à nos jours.
L'essentiel du propos de cette rubrique concerne le cinéma
de science-fiction, mais la littérature ne sera pas complètement oubliée
puisque nous allons commencer par évoquer les romans de ceux considérés comme
les deux pères fondateurs de la SF contemporaine :
Jules Verne et
H.G.
Wells. Bien avant
Galaxy Express, et même
Train de nuit dans la Voie lactée de
Kenji Miyazawa, Jules Verne avait déjà inventé le concept de
train spatial dans son
roman
De la Terre à la Lune daté de 1865 :
« Savez-vous quel temps il faudrait à un train express
pour atteindre la Lune ? » ... « Je ne crois donc pas trop
m'avancer en disant qu'on établira prochainement des trains de projectiles,
dans lesquels se fera commodément le voyage De la Terre à la Lune. Il n'y aura
ni choc, ni secousse, ni déraillement à craindre, et l'on atteindra le but
rapidement. sans fatigue, en ligne droite, à vol d'abeille. » Michel
Ardan,
De la Terre à la Lune
D'autres machines semblent également tout droit sorties de
la littérature du 19
ème siècle, comme les
tripodes
du film
Be Forever Yamato qui sont fortement inspirés des terribles envahisseurs
martiens de
La Guerre des Mondes de H.G. Wells. De même, la fascination
qu'inspirent les grands vaisseaux de Matsumoto comme l'Arcadia ou le Yamato n'a
quasiment d'égale que celle engendrée par le mythique Nautilus du capitaine
Nemo dans
Vingt Mille Lieues sous Les Mers. Les ressemblances avec ce classique
incontournable ne s'arrêtent pas là, car plus encore que ces trois vaisseaux,
leurs capitaines semblent parfois se confondre en un seul et même homme. Si
dans sa vie, le capitaine Nemo fait immanquablement penser au capitaine Albator
(voir
page suivante), il est d'autant plus troublant de constater que sa mort
renvoie à celle(s) du capitaine Jyuzo Okita. Alors que tous deux ont vécu de
grandes aventures et d'éprouvants combats, ils vont l'un et l'autre s'éteindre
paisiblement dans leur cabine, juste après avoir enfin revu ou évoqué leur
patrie ainsi que leurs proches tragiquement disparus. Lors de sa deuxième mort
dans le film
Final Yamato, Okita poussera le mimétisme jusqu'à mourir seul à
bord de son navire sabordé, tout comme le capitaine Nemo à la fin de
L'Ile
Mystérieuse. A noter également l'existence d'un autre légendaire vaisseau tout
droit sorti de l'univers de Jules Verne, le fabuleux navire volant de
Robur le
Conquérant dont en plus du concept, le nom fait étrangement écho à l'oeuvre de
Matsumoto telle qu'on la connaît en France, puisqu'il s'agit de
l'Albatros.
C'est toujours dans cette même veine romantique que s'inscrit le premier film
de l'histoire du cinéma SF,
Le Voyage dans la Lune de Georges Méliès en 1902,
librement adapté de l'oeuvre de Jules Verne.
Le premier véritable courant artistique du cinéma
fantastique apparaît une quinzaine d'années plus tard. Il s'agit de
l'expressionnisme allemand, qui donnera naissance à de nombreux chefs-d'oeuvre
comme
Le Cabinet du docteur Caligari de Robert Wiene en 1919 ou
Nosferatu
de W.F. Murnau en 1922. N'oublions pas non plus
Les Nibelungen de Fritz Lang, tiré de la légende
que Matsumoto transposera dans l'univers d'Albator. L'essence de l'expressionnisme consiste à accentuer les
atmosphères ou les sentiments des personnages en jouant sur la symbolique et la
composition de l'image, par exemple en stylisant les décors avec des
perspectives faussées, ou encore en jouant sur les contrastes et les effets de
lumière. On peut notamment retrouver cette inspiration dans de nombreuses
séquences de la série
Uchû Kaizoku Captain Harlock (
Albator 78) mise en scène
par Rintarô :
1 - le fait d'utiliser un ciel rouge renforce l'aspect dramatique de la scène. Les pellicules
des films expressionnistes allemands étaient souvent teintées afin d'obtenir des effets similaires.
2 - la perspective déformée des immeubles accentue l'impression que le piège s'est refermé
de manière inéluctable sur Albator... le sort du capitaine pirate semble définitivement scellé.
3 - l'écrasante perspective marque le poids de la pression psychologique qui s'exerce sur Stellie.
4 - en stylisant l'escalier afin qu'il semble s'étirer à l'infini, on comprend que quoi qu'il fasse,
Ramis arrivera trop tard pour sauver son père.
5 - la violence de la scène est décuplée par le contraste et par l'éclatement de l'image.
6 - le contraste est ici utilisé pour renforcer l'aura de mystère qui entoure le personnage d'Albator.
7 - à nouveau l'éclatement, le déchirement violent de l'amour filial de Ramis pour son défunt père.
8 - curieuse séquence, très ambiguë, où l'on peut légitimement se demander s'il s'agit bien de vin...
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Considéré comme la toute dernière oeuvre du cinéma expressionniste allemand, le
visionnaire Metropolis de Fritz Lang en 1927 reste un des plus importants films de
science- fiction réalisés à ce jour. Doté d'un budget pharaonique, il va définir
les bases visuelles et explorer nombre de thématiques qui feront les beaux
jours du cinéma d'anticipation dans les décennies qui suivront. On y retrouve
beaucoup de points communs avec Galaxy Express, notamment le concept de ville
moderne, verticale et aseptisée, réservée à une élite, alors que les masses
populaires croupissent aux pieds des gratte-ciel ou dans des villes
souterraines. La scène de l'usine est également particulièrement éloquente,
puisqu'on y voit des ouvriers asservis par les cadences infernales, réduits à
être des pièces vivantes d'une énorme et terrifiante machine qui va ensuite les
dévorer. Et comme sur la planète Maetel, quand les pièces vivantes finissent par se
rebeller, c'est tout le système qui va s'écrouler...
A travers le personnage de Freder, fils du maître de
Metropolis, et qui va se révolter contre son père, on peut également faire le parallèle
avec la relation entre Maetel et sa mère la reine Promethium. La plus forte
image de Metropolis reste pourtant celle du robot, et là encore la ressemblance
avec Galaxy Express est frappante. Bien qu'il s'agisse dans le film de Fritz
Lang de redonner vie à un être disparu, alors que dans l'oeuvre de Matsumoto il
est question de mécanisation des êtres vivants, la finalité est la même :
l'immortalité. Mais l'immortalité a un prix, celui de la perte d'une partie de
son humanité. |
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Effectuons maintenant un bond à travers le temps et
l'Atlantique pour arriver à Hollywood au début de années 50. C'est l'époque de
la paranoïa des
soucoupes volantes, qui pourrait se résumer en cet
avertissement qui clôt le film
La Chose d'un Autre Monde de Howard Hawks et
Christian Nyby en 1951 : « Surveillez le ciel ! ».
Même si les fameux tripodes y ont été quelque peu dénaturés en remplaçant
leurs pattes métalliques par des rayons lumineux, l'adaptation de
La Guerre des
Mondes de George Pal et Byron Haskin en 1952 est sans doute le film le plus
emblématique de cette tendance.
Le thème de l'invasion extraterrestre est bien sûr
omniprésent dans l'oeuvre de Leiji Matsumoto, qu'il s'agisse de
Yamato,
Albator
ou encore
Queen Millenia. Les charismatiques Sylvidres resteront éternellement
les plus belles plantes de l'univers, mais le concept d'extra-terrestre végétal
avait déjà été envisagé dans
L'Invasion des Profanateurs de Sépultures de Don
Siegel en 1956, puisque des humanoïdes venus de l'espace y poussent dans de
monstrueuses cosses à grains, avant de prendre la place des véritables êtres
humains. Il ne faut évidemment pas oublier la mythique
"supercarotte" de
La Chose d'un Autre Monde, qui sème de drôles de
graines sur son passage, et qui faillit bien connaître une fin semblable à
celle de nombreuses Sylvidres.
Toujours du côté des envahisseurs venus de l'espace, il ne
faut pas oublier un film tout à fait remarquable, britannique cette fois, et
qui peut faire écho aux épisodes 17-18 d'
Albator 78. Il s'agit du
Village des
Damnés de Wolf Rilla en 1960, dans lequel le professeur Gordon Zellaby interprété par George Sanders devra
admettre que l'enfant qui faisait son bonheur n'est pas réellement le sien, et
qu'il représente une menace pour l'humanité. Tel Marisse avec la Sylvidre 1018
alias Madeleine, le professeur se résoudra à mettre fin aux jours de cet être aimé.
A l'image de Starsha dans
Yamato, les visiteurs de l'espace peuvent parfois être
porteur de messages de paix ou d'espoir, comme c'est le cas dans
Le Jour où la Terre s'arrêta,
du bien nommé Robert Wise en 1951. Une variante de l'invasion extra-terrestre également très en
vogue à cette époque est le film de monstres issus de l'arme nucléaire
(
Godzilla d'Inoshiro Honda au Japon,
Them ! de Gordon Douglas aux Etats-Unis).
Comme nous l'avons déjà évoqué
dans d'autres rubriques, l'image de la bombe atomique est omniprésente dans l'oeuvre
de Matsumoto, notamment dans
Yamato et
Albator 78. Cette thématique est proche
de celle de la fin du monde, telle qu'elle est explorée dans
Le Choc des Mondes
de George Pal et Rudolph Maté. Dans ce film de 1951, la Terre est condamnée, et
seule une poignée d'élus vont pouvoir en réchapper en montant à bord d'une
fusée transformée en arche de Noé, ce qui est exactement le rôle initialement
prévu pour le Yamato avant que les terriens ne reçoivent le message d'espoir en
provenance d'Iscandar. On retrouve également une problématique très semblable
dans la troisième série
Uchû Senkan Yamato III, dans laquelle le soleil
agonisant menace de détruire la Terre, le Yamato ayant pour mission de partir à
la recherche d'une nouvelle planète d'accueil pour l'humanité.
De même, comment ne pas penser à la première série
Yamato en regardant le film
This Island Earth (
Les Survivants de l'infini, 1955) : On y découvre la planète Métaluna dévastée par des attaques d'astéroïdes radioactifs dirigés par un peuple belliqueux. Qui plus est, Métaluna est une planète creuse à double couche, tout comme Gamilas. Et cette fois-ci c'est la Terre qui se trouve être la planète porteuse d'espoir.
Le parallèle est tout aussi évident dans le chef-d'œuvre est-allemand
L'Étoile du silence (1959) : un message mystérieux dans une capsule trouvée dans le crash d'un vaisseau extra-terrestre, un vaisseau terrien fascinant qui met le cap sur la planète d'origine du message, le spectre d'Hiroshima omniprésent, ou d'autres détails comme un robot se déplaçant sur chenilles, un terrifiant canon longue portée installé à la surface d'une planète, une substance menaçante qui réagit à la matière et à l'énergie... à noter que le Cosmocrator dispose d'un équipage international, ce qui devait
initialement être aussi le cas du Yamato.
Maintenant une petite devinette :
Suite à des bombardements de météorites, la Terre devenue rouge est
victime de terribles radiations, et les jours de l'humanité sont comptés. Le dernier
espoir de sauver la planète repose désormais entre les mains de l'équipage d'un formidable
vaisseau doté d'une technologie révolutionnaire.
Ce synopsis vous évoque-t-il quelque chose ?
C'est en effet le scénario de la première série
Yamato, mais
c'est également celui du film
Le Sous-Marin de l'Apocalypse,
réalisé en 1961 par Irwin Allen, avec Walter Pidgeon.
Les similitudes avec
Yamato ne s'arrêtent pas là, car tout
comme l'équipage du cuirassé spatial dans la deuxième série, celui du
Seaview se lancera dans l'aventure de sa propre initiative, sans l'accord de sa
hiérarchie qui enverra des sous-marins pour tenter de le stopper. D'autres
éléments du scénario entrent en résonance avec la troisième série
Yamato,
notamment le fait que la terrible augmentation de température qui menace
toute vie sur Terre divise les scientifiques, certains affirmant à tort que la
situation va se résorber d'elle même. Le salut viendra dans les deux cas d'un
tir qui réussira à dompter le phénomène cosmique.
Ce film reste emblématique de cette période, car il illustre
parfaitement les deux grandes tendances des années 50-60, à savoir d'un côté
une vision pessimiste et paranoïaque de la science-fiction, mêlée en même temps
à une
renaissance du romantisme, avec ici une représentation des fonds marins
que n'aurait pas reniée Jules Verne. Le nom de l'écrivain français est
d'ailleurs explicitement cité dans le film, et les attaques de pieuvre et de
calamar géants que subira le Seaview sont un clin d'oeil évident à
Vingt Mille
Lieues sous Les Mers. L'ambivalence entre ces deux thématiques est parfaitement
reflétée par la différence entre le titre français et original du film, respectivement
Le Sous-Marin de l'Apocalypse et
Voyage to the Bottom of the Sea.
Le romantisme fait donc son grand retour au cinéma dès le milieu des
années 50. C'est l'époque des grandes explorations et des fabuleux voyages vers
l'inconnu, qu'il s'agisse à nouveau des fonds sous-marins (
Vingt Mille Lieues
sous Les Mers de Richard Fleischer en 1954), des entrailles de notre planète (
Voyage au
Centre de la Terre de Henry Levin en 1959), de l'espace (
La Planète
Interdite de Fred M. Wilcox en 1956), du futur (
La Machine à Explorer le Temps de
George Pal en 1960), ou encore de l'infiniment petit (
Le Voyage Fantastique
de Richard Fleischer en 1966). Beaucoup de ces horizons ont également été
explorés par Leiji Matsumoto, l'espace bien sûr, mais aussi les océans avec
Submarine Super 99, ainsi que le temps via le concept de "Toki No Wa"
(boucle du temps) qui est transversal à toute son oeuvre.
Impossible de parler de science-fiction sans évoquer la série culte des années 60,
Star Trek, créée par Gene Roddenberry. Les ressemblances avec
Yamato sont nombreuses,
à commencer par le concept d'un équipage partant pour un voyage dans l'espace infini à bord d'un
fantastique vaisseau spatial. Les deux sagas se rejoignent également dans leur format, chacune
comportant des séries télévisées ainsi que plusieurs films. A une dizaine d'années d'intervalle,
les sagas
Star trek et
Yamato ont générées dans leur pays respectif un véritable
phénomène de société, toutes deux soutenues par une communauté active de fans inconditionnels.
N'étant pas un grand connaisseur de l'univers du Capitaine Kirk et de son USS Enterprise,
je vous renvoie vers la
page anglophone de Wikipedia consacrée à Yamato qui détaille un certain
nombre de parallèles précis entre les deux oeuvres.
En 1966, simultanément à l'arrivée de
Star Trek aux États-Unis, était diffusée en Allemagne la série
Raumpatrouille - Die phantastischen Abenteuer des Raumschiffes Orion. Elle arrivera l'année suivante sur l'ORTF sous le titre
Commando spatial - La Fantastique Aventure du vaisseau Orion. Malgré des effets spéciaux rudimentaires, cette série est un pur chef d'œuvre, notamment de part la qualité de la mise en scène et de l'interprétation. Quel dommage qu'elle se soit arrêtée au bout de seulement 7 petits épisodes. Pas mal de point communs avec
Yamato sont à relever : un fantastique vaisseau et son équipage qui se retrouveront plusieurs fois porteurs des derniers espoirs de de la Terre, des décollages depuis une base sous-marine, ou encore le deuxième épisode dans lequel l'Orion est finalement sacrifié pour anéantir une planète incandescente dirigée vers la Terre par les "Frogs".
En 1968 débarque sur les petites lucarnes françaises une drôle de série de science-fiction :
Les Shadoks. Cette délirante épopée spatiale recèle une fantaisie finalement assez proche de l'univers de
Galaxy Express 999, manga dans lequel Maetel et Tetsuro voyagent de planètes en planètes, toutes plus étonnantes (et souvent absurdes) les unes que les autres. Mais par-delà ces généralités, certains détails sont à relever, comme la présence dans la deuxième saison d'un "train interstellaire Shadok", ou encore d'une source d'énergie nommée "Cosmogol 999".
Le capitaine Albator n'est pas en reste, avec la présence du marin Shadok, qui exilé par le gouvernement Shadok se fera "corsaire de l'espace". D'ailleurs le nom même "Shadok" serait d'après Jacques Rouxel un clin d'œil au capitaine Haddock, or selon cette fois Éric Charden, c'est justement à cause de la ressemblance phonétique avec le personnage d'Hergé que le capitaine Harlock aurait pris en France le nom d'Albator.
Mais le plus grand des voyages offerts par le cinéma de
science-fiction est sans nul doute celui auquel nous convie Stanley Kubrick en
1968 dans son
2001, l'Odyssée de l'Espace. Ce film charnière dans l'histoire de
la SF va permettre d'ouvrir la voie à des oeuvres plus matures qui jalonneront
les années 70, à commencer par
Solaris d'Andreï Tarkovsky en 1972,
adapté du roman de Stanislas Lem, et dont on
retrouve l'écho dans l'épisode 20 d'
Uchû Senkan Yamato III.
La principale tendance de cette décennie est le
film dystopique, qui à travers la
métaphore d'un futur proche dénonce les dérives et les craintes de la société contemporaine.
C'est notamment le cas pour
THX 1138 de George Lucas et
Orange Mécanique de
Stanley Kubrick en 1971,
Soleil Vert de Richard Fleischer en 1973 (dans lequel on trouve d'ailleurs
comme dans
Adieu Galaxy Express l'idée des êtres humains transformés en pilules nutritives),
ou encore
Rollerball de Norman Jewison en 1975. On retrouve également cet
esprit dans
Albator 78, qui critique ouvertement une classe dirigeante lâche et paresseuse,
mais aussi plus généralement une population désabusée et oisive qui n'a d'autre
ambition que de suivre les aventures d'Albator sur l'abêtisseur mondio-visuel.
Contemporaine à la grande époque Matsumoto, la saga
Star Wars
reste à ce jour le plus gros succès du space opera à l'échelle mondiale,
succès largement mérité soit dit en passant. Les possibilités de mise en
parallèle de l'oeuvre majeure de George Lucas avec l'univers de Leiji Matsumoto sont
quasiment infinies, mais nous allons nous concentrer sur les principales. Tout d'abord
la réintroduction du duel à l'épée ou au sabre, alors que les pistolets
lasers avaient depuis bien longtemps un monopole quasi total. La corrélation la
plus troublante est entre deux films sortis à quelques mois d'intervalle,
L'Empire
Contre-Attaque et
Adieu Galaxy Express, dans lesquels la relation entre
Tetsuro et Faust présente de très fortes similitudes avec celle qui unit Luke
Skywalker et Dark Vador.
Pour ce qui est des courants qui suivront dans les années
80-90, et comme se plait à le souligner Rintarô, on peut attribuer à
Galaxy
Express une intuition
Cyberpunk. La robotisation du corps humain est en effet
un des thèmes fondateur de ce mouvement, dont parmi les représentants au cinéma
on peut citer dans une certaine mesure le sublime
Blade Runner de Ridley Scott
en 1982, mais surtout
Tetsuo de Shinya Tsukamoto en 1989, ou encore
Ghost in
the Shell de Mamoru Oshii en 1995. Tout comme avec les hommes et femmes
mécanisés de
Galaxy Express, la cybernétisation mène le plus souvent à l'aliénation
ou à la quête désespérée d'une identité perdue.
Initié au Japon avec des oeuvres telles
Le Château dans le Ciel
d'Hayao Myazaki en 1986 ou la série
Nadia et le Secret de l'Eau Bleue d'Hideaki
Anno et Shinji Higuchi en 1990, le mouvement
Steampunk prend de l'ampleur ces dernières années
avec des films comme
La Ligue des Gentlemen Extraordinaires de Stephen Norrington en 2003,
Capitaine Sky et le Monde de Demain de Kerry Conran en 2004,
et bien sûr l'incontournable
Steamboy de Katsuhiro Otomo également en
2004. A travers la locomotive à vapeur du triple 9, ne peut-on pas voir de même une
sorte d'intuition Steampunk ?
Certains films comme
Bienvenue à Gattaca d'Andrew Niccol en 1997 (ou plus récemment
The Island de Michael Bay en 2005) ont également abordé la question de l'eugénisme et du clonage
déjà présente en filigrane dans
Galaxy Express, mais le courant le plus important des années 90
est sans doute le film de
réalité virtuelle. Ce concept pris au sens large
revient simplement à penser que la réalité telle que nous la percevons pourrait être fabriquée,
factice, tout comme la prétendue planète Terre du futur explorée par l'équipage du cuirassé spatial dans
Be Forever Yamato.
Si ce genre cinématographique a eu son précurseur dès 1973 avec
Le Monde sur le fil de Rainer Werner Fassbinder,
il faudra attendre 25 ans de plus avant qu'il ne connaisse son âge d'or. Les meilleurs ambassadeurs de ce courant sont
Dark City d'Alex Proyas en 1998,
Passé Virtuel de Joseph Rusnak et bien sûr
Matrix des frères Wachowski en 1999.
D'autres parallèles sont à noter pour
Matrix. Comme dans la première série
Yamato,
les humains y sont contraints de se réfugier dans des villes souterraines, les machines ou les radiations
descendant toujours plus profond et menaçant d'anéantir toute vie dans un bref délai.
Ces similitudes auraient sans doute pu relever de la pure coïncidence si les scénarios de
Yamato et
Matrix ne se déroulaient pas tous les deux en l'an 2199.
On peut aussi peut-être faire le rapprochement entre
Matrix et
Adieu Galaxy Express du fait
que les êtres humains y sont utilisés comme source d'énergie par les machines.
Passons maintenant aux années 2010. On voyait déjà dans le film
Galaxy Express 999 un dispositif utilisé pour lire les rêves, thématique largement développée dans le film
Inception réalisé en 2010 par Christopher Nolan.
D'ailleurs Maetel n'est-elle pas une illusion n'existant que dans les rêves d'adolescent de Tetsuro ? C'est en tout cas ce que Leiji Matsumoto laissait entendre à la sortie du film.
"Pour quelques immortels, beaucoup doivent mourir."
Un jeune homme issu du ghetto dont la vie misérable ne tient en permanence qu'à un fil, une jeune femme promise à l'éternité et qui va pourtant se révolter contre l'ordre établi par son géniteur. Le film
Time Out d'Andrew Niccol sorti en 2011 n'est pas sans rappeler
Adieu Galaxy Express, dans lequel les élus doivent leurs vie éternelle à l'ingestion quotidienne d'une petite capsule d'énergie fabriquée en puisant l'énergie vitale d'un être humain.
Les deux films tendent à montrer que l'immortalité ne peut être obtenue qu'à un prix intolérable.
Cette même thématique se retrouve à nouveau en 2015 dans le film
Jupiter Ascending de Lana and Andy Wachowski.
charlock
Page modifiée le 07/10/2015 13:15
Ayant visionnée Sb Yamato 2010, il y'a peu je me devais de fouiner un peu sur le net en quête d'une source d'infos, tant le manque de connaissance lié à cet univers me faisaient défaut. Le site est un petit bijou et cet article en particulier où les informations sur des séries ou films oubliés sont légions. En éspèrant que ma démarche sera suivie par beaucoup: Yamato Kézako? ==>google mon poto et débarquer sur cet excellent site.
Saraba uchuu no Oto.